"Live" de Bill Guttentag

avec Eva Mendes, David Krumholtz, Andre Braugher, Katie Cassidy, Monet Mazur, Jay Hernandez, Rob Brown, Eric Lively, Jeffrey Dean Morgan


    La chaine américaine ABN dépérit lentement. Les audiences baissent lentement, les programmes deviennent de plus en plus banales et la directrice des programmes, Kat Courbet, s'en alarme. Jusqu'au jour où germe dans son esprit l'idée du siècle: organiser une partie de roulette russe en direct, à l'issue de laquelle chaque survivant se voit remettre un chèque de cinq millions de dollars.


    "Live" n'est pas un film comme les autres. La caractéristique principale qui diffère des autres productions est la construction du scénario: le film entier est tourné comme un documentaire, on voit la caméra suivre à la trace Kat Courbet à chaque étape de la construction du nouveau show qu'elle a imaginé, et ce concept confère une certaine véracité au film et une grande humanité aux différents personnages qui donnent la délicieuse impression que l'on assiste à quelque chose de vrai, ou en tous cas, qui s'est réellement passé. Reconnaissons que c'est cette caractéristique qui peut faire d'un film (avec un grand F, non "Live" en particulier mais le Film en général) un chef d'oeuvre.
    A l'évidence, le film entier (pas le film en général, mais "Live", cette fois ci) retrace la naissance de l'idée, du concept de la nouvelle émission jusqu'à la diffusion en direct, et donc jusqu'au résultat. Et il faut bien avouer que l'effet que visait Bill Guttentag sur le spectateur se produit. A la seconde précédent la balle fatale, on est à des millions d'années lumières de s'imaginer le sentiment que l'on ressentira dans la seconde qui suit cette même balle fatale. Le ressenti change radicalement en deux secondes de temps ce qui prouve donc que Bill Guttenberg a écrit et réalisé "Live" de main de maître.
    En extrapolant un petit peu, on peut voir dans ce film une critique acerbe de la télé d'aujourd'hui et des émissions malsaines, immorales, géniales, inventives, cruelles, vraies, surprenantes, plates, selon chacun évidemment, qui fleurissent aux Etats-Unis et des dérives que l'imagination des directeurs de programmes peut engendrer, et comme dans toute critique visant à mettre un public en garde, c'est l'excès qui est le plus parlant. Là encore, on se rend compte que Bill Guttenberg, malgré une construction déroutante au début, a écrit et réalisé son bébé avec une grande virtuosité.