"Juno" de Jason Reitman

avec Ellen Page, Michael Cera, Jennifer Garner, Jason Bateman, JK Simmons, Olivia Thirlby, Allison Janney


    Juno a seize ans et est une ado plutôt pas comme les autres. Le téléphone de sa chambre est en forme de hamburger, elle conduit sans que son père s'inquiète, elle aime les vieux films d'horreur et le rock'n'roll comme on en fait plus, elle est guitariste dans le groupe de son meilleur ami avec qui elle a couché il y a peu mais c'était la première fois. Et pourtant, jackpot. Elle décide, plutôt que d'avorter, de faire adopter le bébé par un couple de bobos (vivant d'ailleurs dans une ville américaine baptisée "Saint-Cloud").

    Pour ce qui est des BAFTA, du scénario et de la meilleure comédienne, la victoire et la nomination sont franchement méritées. L'humour séduit ou non, mais il faut bien remarquer que le scénario, même si l'on peut voir les silhouettes des procédés utilisés, est vraiment bien écrit et l'ado américain probablement très bien vu. On s'amuse bien, il y a des phrases entre le potache et le spirituel, entre le quiproquo et le choc de deux mondes différents (même si le couple bobo est finalement secondaire); il y a des personnages extrêmement bien construits et rien qui ne jure vraiment avec le reste du scénario ou parait absolument invraisemblable ou trop peu crédible, comme ce fut le cas dans certains autres films. On s'amuse, c'est efficace, et cinématographiquement, ca plus que tient la route. C'est du haut vol. Bouclons ce paragraphe. Pouf.

    Le plus interpellant, au fond, c'est Ellen Page. Elle crève l'écran. Elle est, disons le tout nette, un actrice très douée et très jolie. Un semi-remorque entier d'autre comédienne de son age aurait pris la grosse tête et en aurait fait des milliards de tonnes comme le rôle de l'ado différente et délurée pouvait le suggerer. Page, non, et la comparaison certes prématurée qu'Hollywood crie avec Audrey Hepburn n'est pas si débile que ca et même plutôt fine et bien vue si l'on y réflechit un moment.
    Evidemment, dans ce genre film, il y avait "Freaky Friday" (même si le scénario était assez naze et le film tout entier aussi, au fond, même si on peut noter une certaine parenté dans l'aspect totalement déjanté du film. La comparaison est surtout la révélation de l'actrice principale, en fait;) avait fait exploser Lindsay Lohan. Souvenez vous, la lolita aux gros seins qui a joué dans un sacré nombre de film pour ados et qui est finalement partie en cure de désintox après des excès de drogue, burgers, dollars, et sexe. Je ne compare pas Ellen Page a cette lolita dont le succès a fait carrement exploser la tête, mais j'espère qu'elle saura juste confirmer que la prestation qu'elle a livré dans "Juno" n'est pas passagère et qu'elle est une future grande actrice. En fait, j'espère qu'elle ne se plantera pas comme la fait Lohan et comme le fait en ce moment Scarlett Johansson pourtant si bien partie il y a quelques années plus tôt. Encore une fois, la comparaison avec Lohan peut paraitre ordurière, mais il n'en est rien: même profil juste parce que même âge à l'arrivée dans le cinéma. Comparons la plutôt au joueur de Lyon, Karim Benzema et espérons vraiment qu'elle montre encore plus ce qu'elle vaut, parce qu'Ellen Page, elle en a vraiment. Des tripes.