"4 mois, 3 semaines, 2 jours" de Cristian Mungiu
Avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, Vlad Ivanov
Palme d'Or à Cannes
1987. Dans le foyer d’étudiants, Ottilia partage sa chambre avec Gabita. Ce samedi sera un jour particulier. Gabita est enceinte, et exceptionnellement, elles passeront l’après midi et la nuit dans un hôtel, en ville. Un homme, Viorel, les rejoindra dans le courant de l’après midi, en toute discrétion pour exercer dans la discrétion la plus complète un acte que la Roumanie selon Ceaucescu considérait comme un meurtre.
Les premiers mots qui viennent à l’esprit en sortant du cinéma sont simples. Poignant. Fort. Magnifique. Dur. Et je vous passe les superlatifs. 4 jours, 3 semaines, 2 jours est un film dur, d’une part par le sujet qu’il traite avec qui plus est une justesse et un réalisme extraordinaire, mais qui plus est, d’autre part, par une mise en scène sobre et dépouillée, par une façon de filmer qu’on retrouve fréquemment dans le cinéma des pays de l’ex-bloc soviétique, par le scénario sans fioriture, par ces éléments qui donnent au film un caractère différent des autres films à l’affiche. 4 jours, 3 semaines, 2 jours n’est pas un film comme les autres. On commence par oublier que c’est un film et à avoir l’impression qu’il s’agit d’un reportage, puis par oublier que c’est un reportage et à avoir l’impression que nous sommes des amis intimes de Gabita et Ottilia, privilégiés et dans leur intimité même à les accompagner dans cet épisode difficile qu’est l’avortement, qui plus est à l’époque où il était illégal. On finit par se penser acteurs de l’action qui se déroule sous nos yeux, et par avoir envie de venir en aide à Gabita en détresse et à Ottilia qui se retrouve toute seule à gérer une telle situation, qui s’en trouve par moment dépassée.